Julien Jacquier, entraîneur de l’équipe élite de natation partage son retour sur les bassins.
- Comment abordes-tu cette reprise des entraînements ? Pour toi, cela signifie plus une remise en forme des athlètes ou une réelle préparation pour les futures compétitions ?
« Elle se passe en plusieurs parties. Il y a déjà une constatation de l’état physique des athlètes. Ils ont tous fait de la préparation à sec durant le confinement. De ce fait, le but est de savoir comment nous allons composer pour les deux mois qui arrivent. C’est aussi l’occasion de se concentrer sur des choses que nous n’avons pas le temps de faire, comme travailler des gestes techniques. La reprise c’est : qu’est-ce qu’on peut faire pendant cette période qui est un peu particulière. »
- Comment s’est déroulé le tout premier entraînement ?
« Le premier entraînement a été très particulier. En effet, à cause des nouvelles règles sanitaires, nous avons été obligés de scinder le groupe en deux. Malgré cela nous étions surtout tous ravis de nous retrouver au bord du bassin, même si certains étaient encore bloqués ça et là en France. Nous avons appliqué le protocole sanitaire que nous avions mis en place préalablement à la reprise. Ainsi, les séances débutent par un travail à sec en commun, puis la moitié des athlètes enchaine avec une séance de musculation tandis que les autres nagent. »
- Comment motiver des athlètes alors que les JO sont reportés à l’année prochaine ?
« C’est un problème sans l’être réellement. C’est sûr que les athlètes sont encore plus motivés lorsqu’une compétition arrive. Mais c’est aussi un moment pour se dire « dans un an, je serai plus performant ». C’est important de prendre conscience qu’il faut travailler dès maintenant pour l’année d’après. Nous avons pris la décision de ne pas trop leur en demander sur le volume global. On leur laisse leur week-end, une chose à laquelle, ils ne sont pas habitués. De plus, nous allons organiser des compétitions internes toutes les fins de semaine. Cela leur permettra d’avoir des repères chronométriques mais aussi de travailler sur tel ou tel point. Ce sont des compétiteurs dans l’âme donc cela leur permettra de rester motivés. »
- Les JO de Tokyo sont repoussés d’une année, est-ce un plus en termes de préparation ?
« Certains athlètes pensaient mettre un terme à leur carrière après les JO. Pour cela, il s’agit d’un choix difficile car ils touchaient au but et aujourd’hui, ils doivent s’entraîner et se restreindre une saison supplémentaire. Pour d’autres comme Mehdy Metella, Anna Santamans, Mathilde Cini ou Clément Mignon, qui étaient blessés, il s’agit d’une véritable opportunité de briller à des Jeux Olympiques. »
- Comment gérer une saison 2020-2021, qui sera très dense ?
« Nous travaillons en amont la saison prochaine qui sera ni plus ni moins que la saison que nous devions vivre cette année. Effectivement, nous commençons à programmer les stages, les programmes… Les sélections olympiques vont se dérouler cinq semaines avant les JO, ce qui est une grande première. »
- Cette crise sanitaire, nous a permis de prendre du recul, voir ou revoir les choses essentielles de la vie. Penses-tu que cela va te faire changer en tant qu’entraîneur ?
« Je suis entièrement d’accord. Je ne sais pas si on est tous passé par ce processus pendant le confinement. En tout cas, pour ma part, cela a été mon cas. J’ai dédié ce temps à lire, à me former. Le confinement nous a permis de mieux communiquer ensemble et surtout individuellement. Et finalement, nous sommes restés en contact plus que d’habitude. J’ai la réelle ambition de garder cette dynamique car je pense que pour un sportif de haut niveau, c’est une des clés de la performance. »